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Musicienne et poète, actrice, danseuse, artiste vagabonde, funambule en équilibre entre les mondes, Lessya n’est pas d’ici, ni d’ailleurs. Elle oscille, non entre terre et ciel, mais à l’image de l’ange, dans l’un de ses poème, « entre ciel et cieux, sans jamais s’appuyer sur l’éther. »
Sa langue également trace une voie d’équilibre entre deux univers, la France, d’une part, figure de l’occident, et de l’autre, l’orient slave de ses origines. Elle fait danser ses mots sur le fil délicat et tendu des deux langues, aussi à l’aise en l’une qu’en l’autre, se traduisant souvent elle-même en cherchant plutôt la sonorité que l’exactitude (dans « Tango incorrect » ou « Bossa Nova enneigée« ). Elle écrit, parfois, directement dans un français poétique et chantant. Elle aime aussi donner parole à ses amis traducteurs qui tendent pour elle le filet des mots accompagnant ses créations…
Lessya exprime son talent d’écriture dans les formes les plus diverses : légères, aériennes, libres comme l’air et l’eau, ou plus classiques, lyrique, et même déclamatoires. Elle parle de l’âme et de l’intime de la vie, de son art, de ses proches, et des lointains, rien ne nous est étranger dans l’étrangeté de vivre qu’elle évoque pour nous, dans ces battement d’Elle, qui rythme ses vers….
Qu’elle soit remerciée du beau partage qu’elle nous offre ici et de ce pont qu’elle construit pour y faire danser les mots d’une culture à l’autre, d’un langage à l’autre.
Martial Maynadier, directeur de la Collection Le Parc
En errant sur la terre inconnue,
elle demeure.
L’hiver approche.
Elle regarde ses pieds nus
sans reproche
qui touchent ce monde profane
comme un clavier.
Ressembler aux humains par la musique —
est-ce la fin du chemin ?
La neige n’est pas évidente
dans ce pays de jeunesse
où entre naissance et mort
il n’y a pas de vieillesse.
Mais entre mort et naissance
il n’y a pas de pays.
Elle s’incarne,
en laissant son passé aux nuages
avares qui retiennent la neige
sans partage.
Des années qu’elle attend un signe
qui la rende plus humaine
ou mortelle,
mon âme.
Леся Тышковская
POEMES ET TRADUCTIONS
Короткие вспышки встреч
в жизни наощупь.
Если бы ты существовал,
я бы ослепла.
Окружи темнотой
надежды.
Les courts flashs des rencontres
dans la vie tâtonnante.
Si tu existais,
je deviendrais aveugle.
Entoure-moi de l’obscurité
de l’espoir.
ТРЁХСТРОЧИЯ
1
Насколько мы одиноки,
знает дождь,
собранный по каплям.
2
Наедине с Любовью…
Нет, это невозможно.
Нужен кто-то третий.
3
Ты сбылся.
Остается
подумать о легенде.
4
Рай —
когда исполняются все желания.
А желаний нет.
EN TROIS LIGNES
1
Combien nous sommes seuls
La pluie le sait
Qui s’assemble goutte à goutte
Traduit par Anne Laurent
2
Tête-à-tête avec l’Amour…
Non, c’est impossible :
il faut un tiers.
3
Tu t’es réalisé.
Il ne reste
qu’à penser à la légende
4
Le paradis —
quand tous désirs se réalisent !
Mais il n’y a rien à désirer
***
Я пила тебя,
как дорогое вино —
медленными глотками.
Но ты
каплей на дне оставался.
Я пила тебя,
как родниковую воду
в солнечную полночь,
жадно, не отрываясь.
Но ты уходил, не иссякнув.
И тогда я сказала:
преподай мне урок пустоты.
И ты выпил меня,
как воздух.
***
Je te buvais,
comme un grand vin —
par petites gorgées,
mais tu restais au fond
tel une goutte
Je te buvais,
Comme l’eau d’une source
au soleil de minuit,
avidement, sans m’en détacher,
mais tu partais, jamais tari
Et quand je t’ai demandé:
̶ Donne-moi une leçon de vacuité !
tu m‘as avalé comme de l’air.
***
Как рассмотреть сквозь отпечатки лет,
сквозь опечатки выцветших изданий,
сквозь безнадежно пасмурный рассвет
наполненных, но одиноких зданий?
Как рассмотреть сквозь беспросветность встреч,
ворвавшихся в вечерние пустоты,
в дамоклово-уклончивую речь
навстречу гостю позднему:
— За что ты?
Как рассмотреть — не вздрогнуть, не моргнуть,
не сделаться чужой и преходящей,
не скрыть свою трепещущую суть,
когда тебя увидит настоящей
слепец прозревший — тот, кто свет дневной
познал сквозь стекла, а ночной — сквозь веки
и разобрал, сорвав за слоем слой:
мы — снов ловцы, где тонут человеки,
и удержал желанием одним
тончайшие, невидимые нити,
пока я белой бабочкой над ним
пыталась Видеть.
Comment se repérer à l’empreinte de l’âge,
aux coquilles dans les livres en fanaison,
quand désespérément l’aube est lourde d’orage
sur des immeubles pleins mais en déréliction ?
Comment voir clair, quand rien n’éclaire ces rencontres
qui font irruption dans la lacune des soirs,
l’esquive des mots de Damoclès à l’encontre
d’un invité tardif :
– Mais pourquoi toi ?
Comment voir au travers, ni trembler, ni ciller
et ne pas devenir une simple passante,
ne pas cacher sa propre essence frémissante
quand il te voit inscrite en sa réalité
l’aveugle voyant, celui à qui le jour
vient par la vitre, et la nuit par les paupières
et qui peut percer-voir, ôtant couche après couche :
nous les pêcheurs du songe où les hommes sombrèrent.
Et mon désir a tenu, par son seul pouvoir,
les fils les plus ténus, ceux qui sont invisibles,
tandis qu’en papillon blanc au-dessus de lui
je m’efforçais de Voir.
***
Вы видели счастливых эмигрантов,
c лицом, как знамя, с рупором удачи,
живущих на зарплаты или гранты
в своих домах или хотя бы дачах?
Я видела бездомных по призванью:
они не вили гнёзда постоянства.
Пособия им были подаяньем,
от голода спасавшие — не пьянства.
Я видела накормленных, но нищих,
родную речь просивших, словно дара.
Они гонялись за духовной пищей
на вечерах романсовых с гитарой.
Я слышала поющих в ресторанах
с цыганской страстью в голосе надрывном,
искусно пробивающих мембраны
своих коллег, жующих непрерывно.
Встречала я писак и лицедеев,
играющих с зеркальным отраженьем.
Они продекламировать хотели
свои идеи комнатным растеньям.
Я видела в самодовольстве сонном
баюкающих энного ребёнка
безмолвных мам и навсегда бессонных,
тех, кто не смогут выйти из пеленок.
Я с няньками была запанибрата,
уборщицами в чистеньких сортирах.
Они, образованьями богаты,
искали, как убрать другим квартиры.
Встречала я искателей упорных.
Они взлетали побольней икаров,
пытаясь удержать родные корни,
и засыхали вместе с самым старым.
Avez-vous rencontré des émigrés heureux,
visage en étendard, la chance en porte-voix,
vivant sur leur salaire, sans ANPE,
dans leur propre maison ou bien dans leur datcha ?
J’ai vu des sans-abris par simple vocation
qui dans le permanent ne tissaient pas leur nid.
La charité des dons et des allocations
les sauvaient de la faim, pas de l’ivrognerie.
J’ai vu des bien nourris, mais pourtant miséreux,
qui mendiaient leur langue natale oubliée,
en quête de pitance pour leur cœur fiévreux,
des pèlerins du chant, de soirée en soirée.
Certains poussaient la chansonnette au restaurant,
des trémolos tziganes dans leur voix flétrie,
et lestement vrillaient les malheureux tympans
des clients ruminants, troublant leur appétit.
J’ai rencontré des écrivains et des acteurs
jouant avec leur propre reflet de miroir,
déclamant leurs idées, leur prose, leurs malheurs
avec des plantes vertes pour tout auditoire.
Des mamans qui avaient désappris à parler,
berçant, contentes, leur énième petit,
légèrement groggy, car à perpétuité
prisonnières des couches et de l’insomnie.
J’ai fréquenté des nounous docteures es sciences
et des dames pipi dans des w.c. stériles,
riches de leurs diplômes et de l’espérance
de trouver quelques ménages à domicile.
Et des chercheurs têtus en quête d’idéal,
des Icares figés dans un envol cruel :
ils voulaient conserver leurs racines natales,
se desséchant jusqu’à l’ultime radicelle.
Я видела с надеждой на ресницах
и слоем туши — тех, кто обессилел,
уставших перелистывать страницы
осенних дней в разгар бесснежных зим. И
наверняка есть те, кто стал гарантом,
и образцом для общества, и частью.
Но вы нашли счастливых эмигрантов?
Так покажите — поделитесь счастьем!
Забыть язык — и обрести свой стиль,
в косноязычьи сочном увязая.
Примерить категорию прозаик,
но посвятить надежде акростих.
Брести в себя без видимых примет
с фонариком — наследьем Диогена —
и оступаться, выходя на свет,
к потемкам привыкая неизменным.
И наступать на грабли у ворот,
когда уже распахнуто полнеба,
и рифмовать немодно и нелепо,
и невпопад — паденье и полет.
Des femmes, cils chargés d’un gigantesque espoir
et d’un excès flagrant de rimmel, épuisées
de feuilleter en pleine saison hivernale,
les pages d’un automne presque éternel.
Et
je suis certaine qu’on peut trouver des exemples
d’intégration, modèles qui nous font honneur.
Avez-vous rencontré des émigrés heureux ?
Vite, montrez-les-moi, partagez ce bonheur !
Traduit par Christine Zeytounian-Beloüs
Ta langue, l’oublier, pour te trouver un style
et t’enliser dans un balbutiement captif.
Te vouloir une auteure sérieuse, fertile
mais à nouveau chanter en vers libres, naïfs.
Et cheminer au fond de toi, sans un repère
avec lanterne de Diogène, déroutante,
et trébucher en arrivant à la lumière,
habituée longtemps aux ténèbres constantes.
Marcher sur un râteau juste devant la Porte
Et quand enfin elle s’ouvre sur céleste coupole,
relier absurdement, toujours mal à propos
ces inrimables mots : la chute avec l’envol.
***
Я — в паузе. Я долго не смогу.
Мне не хватает праздничных мелодий
Я зависаю на вчерашней ноте
Мне клавиши на блюдце поднесут:
полакомиться звуками ручными —
покорной и податливой личиной,
наброшенной на немоты сосуд .
Импровизируй, хватит партитур,
сценариев и молчаливых книжек.
В стране, где так хотелось воспарижить,
попробуй жить без помощи микстур
отечественных, без рецептов мам,
поющих колыбельные так вкусно,
что хочется опять найтись в капусте
и закричать: верните небесам!
Me voici sur pause. À ne plus tenir longtemps.
Il me manque, je sens, des mélodies festives.
La note d’hier me tient en suspens, captive.
Je voudrais commencer mon jeu, oui, mais comment ?
On sert sur un plateau des touches en cadence :
se délecter de l’air si familier des sons —
du masque malléable de la soumission
jeté par hasard sur un vase de silence.
Improvise, il est temps ! Assez de partitions,
assez de scénarios, de livres qui se taisent.
Dans ces Par-is où l’on cherche une Par-en-thèse,
tâche de vivre sans mixtures ni potions
venues du sol natal, sans recettes de mamans
qui chantent la berceuse avec si tendre mine
qu’on voudrait retourner aux roses de l’origine,
s’y blottir et crier : retour au firmament !
СИРИНГА
Я больше, чем одна
и меньше, чем вдвоем.
Я — мыслящий тростник,
когда подует ветер
и полая свирель,
когда он перейдет в погоню…
Это — Пан.
Но я умею петь.
И я ему достанусь
только песней.
SYRINX
Je suis plus que seule
et moins qu’à deux.
Je suis le roseau pensant
quand souffle le vent,
le flûtiau creux
quand il me poursuit…
C’est Pan !
Mais je suis chanteuse.
Et il n’aura de moi
que chanson.
Traduit par Anne Laurent
СИРИНГА
Я больше, чем одна
и меньше, чем вдвоем.
Я — мыслящий тростник,
когда подует ветер
и полая свирель,
когда он перейдет в погоню…
Это — Пан.
Но я умею петь.
И я ему достанусь
только песней.
SYRINX
Je suis plus que seule
et moins qu’à deux.
Je suis le roseau pensant
quand souffle le vent,
le flûtiau creux
quand il me poursuit…
C’est Pan !
Mais je suis chanteuse.
Et il n’aura de moi
que chanson.
Traduit par Anne Laurent