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Un jour, en me promenant à Paris
j’ai aperçu le Marché de la poésie :
des milliers de livres.
J’ai mis quelques heures
pour regarder les titres
et quelques minutes
pour regarder les visages éteints.
Peut-être, pensez-vous maintenant,
que j’ai arrêté d’écrire des poèmes ?
Non,
Je ne me regarde plus dans le miroir.
***
En errant sur la terre inconnue,
elle demeure.
L’hiver s’approche.
Elle regarde ses pieds nus
sans reproche
qui touchent ce monde laïc
comme un clavier.
Ressembler aux humains par la musique –
est-ce la fin du chemin ?
La neige n’est pas évidente
dans ce pays de jeunesse
où entre naissance et mort
il n’y a pas de vieillesse.
Mais entre mort et naissance
il n’y a pas de pays.
Elle s’incarne,
en laissant son passée aux nuages
avares qui retiennent la neige
sans partage.
Des années qu’elle attend le signe
qui la rende plus humaine
ou mortelle,
mon âme.
***
Mes chansons, jetés au vent,
comme la cendre après la fin.
Volez !
Oubliez
ce qui vous a tenu
dans ma tête, dans mon cœur,
ce qui vous a attaché à mes mains,
à ma bouche.
Comment puis-je vous retenir
dans les petites boîtes
de mes collections ?
Je vous lance dans le monde
J’espère que vous survivrez
plus longtemps que moi.
Vous serez encore chantées
tandis que moi,
je resterai seulement
celle qui jette…
ou celle qui sème.
***
A Agnès
Bateau sur l’eau, la rivière, la rivière –
la chanson d’enfance berce mes pensées.
Une enfance, bercée par l’eau – cette soirée.
Derrière les fenêtres – des eaux et des eaux,
la déluge, qui dénude le passé.
Sur ma balancelle
entre l’eau et le ciel
je balance entre les désirs
qui sont plus élevés
que la réalité.
Moi, qui étais toujours en balance –
soit en bas de moi soit en haut –
ce soir je m’en balance,
je me lance, je ne me lance…
J’ai trouvée l’unité avec mon essence,
le balancement
entre moi-hier et moi-demain
que j’ai cherché dès le berceau
et je me berce d’illusions :
le bredouillement des vagues,
le babillage des enfants,
le balbutiement des voix tsiganes
sur CD à peine entendues.
Et tant que les guirlandes de papillons
clignotent dans ma conscience
je cherche, l’Ange de feu,
ton nouveau nom:
A G N I[1]
en plongeant dans l’enfance.
[1] Agni signifie feu en sanscrit et le nom d’une déité védique.
Agni Yoga – Enseignement de l’Etique de Vie – une doctrine ésoterique,
fondée par le peintre N.Roerich et sa femme Elena Roerich