Texts

LES PAROLES D’ALBUM « LE LONG D’UNE RIVIERE »

LE LONG D’UNE RIVIERE

Je chemine le long d’une rivière
en amont en aval, outre-temps.
Dans mes yeux refermés février,
qui s’éteint. Mon prénom – le printemps.

Mes années sont déjà dissipées
dans l’oubli, où se perdent des heures.
Mon regard s’assombrit aux reflets
où se mêlent et bonheur et malheur.

C’est le jour ou l’année – je ne sais –
coule loin de chemins étrangers,
sans souci de survivre ou sombrer,
ignorant et futur et passé.

Une errantе, perdue dans ses songes
au pays des reflets, funambule,
tout le long d’une rivière je m’allonge,
tout le long de moi rien ne coule.

 

SYRINX

Je suis plus que seule
et moins qu’à deux,
Je suis le roseau pensant
quand souffle le vent,
le flûtiau creux
quand il me poursuit…
C’est Pan !
Mais je suis chanteuse.
Et il n’aura de moi que la chanson

 

MES JOURS

Tous mes jour-papillons virevoltent sans laisser un écho
Je reçois les réponses mais il y manque quelques mots
Car je dors toutе la sainte journée
Et ma vie est comme un ticket périmé.
Et tu vois mon rêve et crois que c’est la réalité.

Que nous vivons encore,
Nous aimons encore…
Mais si nous ne devinons pas à quoi sert notre vie,
Si quelqu’un parmi nous lui dit: pas de souci,
Nous quitterons notre trajet
et sortirons des jeux étrangers

Si je ne reviens pas de mon rêve et tu comprends que j`étais mortelle
Tu m’appelles, tu me cries tu me pleures et n’entends ni réponses, ni nouvelles
Sache que je suis revenu chez moi comme après un long apparté
Mais je t’aime vraiment même si tu es de l’autre côté.

Que nous vivons encore,
Nous aimons encore…
Mais si nous ne devinons pas à quoi sert notre vie,
Si quelqu’un parmi nous lui dit: pas de souci,
Nous quitterons tous les clichés
En inventant nos jeux étrangers.

 

ANGE

L’ange descendait si lentement
qu’il a eu trop de temps
pour enfin oublier d’où il vient
et qu’on peut balancer entre le ciel et les cieux
sans jamais s’appuyer sur l’éther.

L’ange descendait si lentement
que le temps fatigué
a déjà oublié qui est qui
et qui est ce jeune homme qui vient de tomber,
qui caresse la terre comme l’air

où ses ailes s’éloignent comme des nuages.
– C’est tellement merveilleux – d’admirer cette image, –
s’est-il dit, et personne n’a compris son langage aérien,
d’où il vient.

Et après il apprît à marcher
et garder l’équilibre et parler
et jouer comme les hommes,
et toujours s’entourer d’étranges besoins :
le travail, l’argents, la maison.

Il commence à sentir le vertige
à la vue d’ ses détails terrestres,
qui apportent le prestige,
mais empêchent de voir plus loin et plus haut,
où s’effondre l’humaine raison,

où ses ailes s’éloignent, comme des nuages.
C’est plutôt naturel – oublier son image,
son image immortelle,
qui s’envole, comme des ailes,
qui rappelle, d’où il vient,
qui rappelle.

Et le temps s’en va comme des passants.
Etre humain, être mortel – c’est tellement rassurant.
Mais il reste parmi nous quelques uns malgré tout,
qui toujours se souviennent, d’où ils viennent.

 

SUR PAUSE

Me voici sur pause. A ne plus tenir longtemps.
Il me manque, je sens, des mélodies festives.
La note d’hier me tient en suspens, captive.
Je voudrais commencer mon jeu, oui mais comment ?

On sert sur un plateau des touches en cadence:
Se délecter de l’air si familier des sons–
Du masque malléable de la soumission
Jeté par hasard sur un vase de silence.

Improvise, il est temps ! Assez de partitions,
Assez de scénarios, de livres qui se taisent.
Dans ces Par-is où l’on cherche une Par-en-thèse,
Tâche de vivre sans mixtures ni potions

De ton sol natal, sans recettes de mamans
Qui chantent la berceuse avec si tendre mine
Qu’on voudrait retourner aux roses de l’origine,
S’y blottir et crier : retour au firmament !

LES POEMES

 

  A Agnès Overli

Bateau sur l’eau, la rivière, la rivière –
la chanson d’enfance berce mes pensées.
Une enfance, bercée par l’eau – cette soirée.
Derrière les fenêtres – des eaux et des eaux,
la deluge, qui denude le passé.
Et je balance sur la balancelle
entre l’eau et le ciel
entre les désirs qui sont plus elevés
sur la balançoire que la realité.
Moi qui étais toujours en balance –
soit en bas de moi soit en haut –
ce soir je m’en balance,
je me lance je ne me lance
j’ai trouvée l’unité avec mon essence,
le balancement entre moi-hier et moi-demain
que j’ai cherché dès le berceau
et je me berce d’illusions :
le bredouillement des vagues,
le babillage des enfants,
le balbutiement des voix tsiganes.
Et tant que les guirlandes de papillons
clignotent dans ma conscience
je cherche, l’Ange de feu,
ton nouveau nom:
A G N I[1]

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[1] Agni signifie feu en sanscrit et le nom d’une déité vedique.
Agni Yoga – Enseignement de l’Etique de Vie – une doctrine ésoterique,
fondée par le peintre N.Roerich et sa famme Elena Roerich

°°°

Un jour, en me promenant à Paris
j’ai aperçu le Marché de la poésie :
des milliers de livres des poètes contemporains.
J’ai mis quelques heures pour regarder
les titres des livres et quelques minutes
pour regarder les visages des poètes.
Peut-être, pensez-vous maintenant,
que j’ai arrêté d’écrire des poèmes ?
Non,
j’ai arrêté de me regarder dans le miroir.